Sélectionner une page

Directrice juridique expérimentée depuis 20 ans, vice-présidente de l’AFJE pendant 6 ans et plus récemment fondatrice de la société Lex Colibri, Véronique Chapuis nous parle aujourd’hui d’intelligence juridique et de l’évolution de la place du juriste dans l’entreprise.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Lex Colibri ?

LEX Colibri a été fondée en septembre 2019 avec pour ambition de simplifier le droit et d’accompagner le changement. Je suis partie du constat d’un double besoin : intégrer le droit en amont des processus de décision et permettre aux entreprises et aux directions juridiques de s’appuyer sur une structure agile capable de conduire le changement, notamment vers le digital. S’extraire du quotidien pour réinventer son métier de juriste, produire des innovations juridiques, se digitaliser sont des tâches ardues, j’avais envie d’aider.

LEX Colibri est un trait d’union entre les problématiques opérationnelles et juridiques.

En quoi le métier de juriste va-t-il changer selon vous ?

Il change déjà. L’avantage de pouvoir s’outiller d’une solution technologique est de dégager du temps en industrialisant la production de documents juridiques reproductibles – qui relèvent du “prêt-à-porter” je dirais, par opposition à ceux qui relèvent de la « haute couture » c’est à dire nécessitant une analyse au cas par cas avec un travail de conception juridique spécifique.

C’est aussi la possibilité pour le juriste de se consacrer davantage à des tâches à forte valeur ajoutée :

  • traitement de dossiers complexes, prise en compte de nouvelles lois et réglementations, échange et formation de ses clients internes dans une démarche holistique qui embarque les autres directions,
  • innovation juridique pour trouver des solutions pour répondre aux nouveaux enjeux business de l’entreprise, ou pour permettre à la direction juridique de se moderniser, d’évoluer, etc.

Comment le juriste doit-il s’y prendre pour réussir ce changement ?

Le juriste doit de plus en plus comprendre son environnement et les enjeux dans lesquels s’inscrit son travail. Il doit se former pour cela. L’intelligence juridique (Legal Business Intelligence) est la clé pour y parvenir : il s’agit de détecter l’information juridique décisive ayant un impact business ou bien la stratégie business ayant des conséquences juridiques, de la présenter de façon simple pour les décideurs, et également, d’identifier les tendances pour anticiper leurs impacts sur les entreprises. On passe d’une consommation statique du droit exprimée par exemple avec : “je décide, vous transcrivez”, à une consommation dynamique dans laquelle les décideurs et le juriste co-construisent ensemble en amont.

Le juriste doit être en capacité d’innover. Mais attention, pour moi, il ne doit pas apprendre à coder car coder est une science que les ingénieurs font très bien. Il doit se concentrer sur sa matière, le Droit, mais avec une approche dynamique et pragmatique grâce à l’intelligence juridique, pour collaborer avec ceux qui savent coder ! C’est là que l’association legaltech-direction juridique est vertueuse, elle permet de combiner l’expertise juridique et le savoir-faire technologique.

Par la formation continue, le juriste doit aussi se doter de compétences “entrepreneuriales” comme la conception de budgets et la gestion de projet par exemple, ce qui n’est pas toujours évident dans un contexte de globalisation où il faut toujours faire plus et plus vite, avec moins. “Dire le droit” doit être simplifié pour faciliter sa prise en compte par les opérationnels. L’intelligence juridique et le marketing du droit sont utiles car dans le mot “marketing”, il y a la notion d’attention au client, qu’il soit interne ou externe. Le marketing du droit est un outil pour l’intelligence juridique. Autrement dit : comment présenter les enjeux de manière claire et simple en amont ?

La clé, c’est la communication ! Plus vous embarquez les autres directions en amont, plus la dynamique créée permet au juriste de gagner du temps !

Au sujet du ROI des directions juridiques, est-il possible de le mesurer ? Et comment identifier les bons KPI ?

Oui, le ROI des directions juridiques se calcule, c’est ce que je propose notamment chez LEX Colibri. Cette démarche “ROI” permet de définir des KPIs cohérents avec les missions et contraintes de la direction juridique. Le quotidien des directions juridiques est encore insuffisamment connu : on le voit lorsqu’on entend parler de performances de la direction juridique.

Le “driver” à garder en tête, c’est de se dire que chaque clause, chaque phrase coûte ou peut coûter : contentieux, coût d’exécution, risque de conformité, gain de temps à la négociation… De nombreux paramètres sont à prendre en compte pour définir les KPIs des directions juridiques. Chaque entreprise est différente.

Les legaltech apportent une valeur intéressante. Par exemple, une legaltech pouvant faire gagner du temps est un véritable atout pour le juriste par rapport à une GED classique qui offre un gain de temps limité à cause du temps de saisie ou de l’absence de connexion aux CRM.

Un conseil à partager avec les juristes qui ont un projet de digitalisation ?

Premièrement, présenter le projet comme un projet d’entreprise et non comme un projet propre à la direction juridique. Deuxièmement, se préparer en amont : modéliser les process d’organisation de la direction juridique et voir comment la solution s’y intègre.

Merci Véronique !

Vous souhaitez digitaliser vos processus contractuels ? Nos solutions peuvent vous aider. Parlez-en à nos experts. 👇

 

Contacter Hyperlex