Doctrine développe depuis 5 ans maintenant des outils fondés sur l’intelligence artificielle pour mieux accompagner les professionnels du droit dans l’accès à l’information juridique dont ils ont besoin pour conseiller leurs clients.
Mais comment cette startup a-t-elle évolué depuis sa création ? Et quid de la perception des professionnels du droit ? Et du marché ?
Nous avons interviewé Guillaume Carrère, le CEO de cette legaltech qui a révolutionné le marché du droit, pour lui poser quelques questions en ce début d’année.
Réflexions sur le marché des legaltech
Est-ce que la perception et l’utilisation des legaltech par les professionnels du droit ou des entreprises ont évolué depuis la création de Doctrine ? Si oui, de quelle manière ?
Il y a 4 ans les juristes nous disaient : sur Doctrine je trouve plus d’informations.
Il y a 2 ans ils nous nous disaient : j’y trouve de l’information plus pertinente qui m’ouvre des perspectives nouvelles.
Aujourd’hui ils nous disent : Doctrine est un atout stratégique au service de leur compétitivité et de leur qualité de conseil.
Permettre un accès centralisé et contextualisé à toute l’information juridique (Lois & Règlements, Décisions de justices, Commentaires, Documents Parlementaires) peut sembler être une évidence aujourd’hui.
Mais en 2016 quand nous nous sommes lancés, tout cela était complètement nouveau. Dans ses premiers mois, Doctrine a été perçue comme un OVNI. Nos premiers clients étaient des avant-gardistes qui ont pressenti comment leurs méthodes de travail allaient évoluer grâce à l’open data et la technologie. 4 ans plus tard, ils sont plus de 7 500 à faire confiance à Doctrine, de l’avocat individuel aux plus grands cabinets d’affaires et directions juridiques de toutes tailles.
La legaltech dans son ensemble est très dynamique. Une enquête sortie par France Digitale montre qu’en 2022, le secteur pèsera 100 millions d’euros de CA annuel et prévoit d’embaucher 600 personnes supplémentaires.
Cette croissance globale est soutenue par les professionnels du droit qui ont bien compris la plus-value que les legaltech pouvaient leur apporter. Nous en sommes ravis !
Doctrine a sorti un outil révolutionnaire, permettant aux professionnels du droit de vérifier la validité de l’argumentaire juridique de la partie adverse et consolider le leur en un clic. Par combien de professionnels du droit est-il utilisé ? Quels retours avez-vous eu des utilisateurs ?
Nous sommes partis d’un constat simple. Les avocats et juristes font face à un doute permanent : celui de la solidité de leur raisonnement juridique. Est-il le bon ? Et qu’en est-il de la stratégie de mes opposants : est-ce que j’ai un angle d’attaque auquel je n’aurais pas pensé ? Des failles que je pourrais exploiter ? C’est comme ça qu’est né le Document Analyzer.
On automatise pour nos clients la vérification de l’applicabilité des sources juridiques citées dans leurs écritures, celles de leurs équipes et de leurs opposants. C’est un outil d’une puissance phénoménale qui a été largement adopté par nos clients historiques et nouveaux clients.
En à peine quelques mois, plus de 4 000 de nos utilisateurs sont équipés du Document Analyzer et plus de 25 000 documents ont été analysés à ce jour. C’est une révolution dans la manière dont les juristes analysent les écritures qu’ils produisent ou qui leur sont envoyées.
Ce succès nous le devons au niveau exceptionnel de notre équipe qui est en pointe sur la technologie mais aussi et surtout à nos utilisateurs. Le Document Analyzer est le fruit d’une longue réflexion avec eux.
Les outils de Doctrine sont construits avec des avocats. Pourquoi est-ce important pour vous de le faire ? Est-ce que toutes les legaltech devraient être réalisées avec des professionnels du droit ?
La technologie n’est qu’un outil, un moyen pour atteindre un objectif. Seule, elle est inutile. La clé pour qu’elle soit à forte valeur ajoutée, c’est l’écoute des avocats et juristes, la compréhension profonde de leurs problématiques et besoins.
C’est le secret de l’innovation. Cela fait partie de l’ADN de Doctrine. Mettre en œuvre ce principe est une discipline de tous les instants. L’itération ne peut être efficace qu’avec la participation d’utilisateurs et leur écoute active.
Par exemple, nous avons intégré les documents parlementaires à notre plateforme d’intelligence juridique. Ils représentent une source d’information d’une très grande richesse pour les professionnels du droit puisqu’ils permettent de comprendre l’intention du législateur. Nous avons échangé avec des centaines d’avocats et juristes pour comprendre pourquoi et comment ils les utilisaient. Mais ils sont notoirement sous-utilisés.
Pourquoi ? Parce que terriblement difficile d’accès, éclatés entre les sites de l’Assemblée Nationale et du Sénat, pas du tout optimisés pour une recherche rapide et surtout pour une veille des évolutions à venir ou en cours de débats. Ces nombreux échanges nous ont permis de comprendre comment nous pouvions leur apporter de la valeur en les intégrant à Doctrine.
C’est l’investissement de 18 mois d’une équipe de pointe l’Intelligence Artificielle qui porte largement ses fruits. Hier, ça prenait des heures, aujourd’hui ça prend quelques minutes… nos clients sont conquis et nous en redemandent.
Vous avez lu notre dernier article ? 👀 7 points à retenir du Baromètre des Legaltechs françaises 🇫🇷
La dernière étude de France Digitale révèle que le potentiel du secteur de la legaltech n’a jamais été aussi fort, et que la legaltech française devrait générer plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. Comment expliquez-vous cette hypercroissance ? Notez-vous des freins au développement du marché ?
La raison est directement liée à la précédente question : c’est l’innovation. Comment répondre à des problématiques métiers avec des solutions technologiques. Avant le boom de 2016, peu d’innovations étaient proposées aux professionnels du droit. Cela a créé une opportunité pour toutes les legaltechs qui se sont lancées comme Hyperlex ou Doctrine.
Aujourd’hui les entreprises de la legaltech proposent des solutions matures, qui ont fait leurs preuves et qui séduisent les professionnels du droit en quête de gain de temps et qualité d’analyse.
La croissance des legatechs en France, c’est le témoin de la modernisation des professionnels du droit et c’est une excellente nouvelle pour l’état de droit et pour les justiciables.
Toujours selon l’étude, on note que 82 % des legaltechs françaises comptent au moins un avocat au capital et 41 % ont au moins un de leurs dirigeants qui est avocat. Pourquoi les avocats sont-ils au cœur de la croissance des legaltech ?
Les avocats sont des entrepreneurs. La compétition est importante dans le monde des avocats et ces valeurs entrepreneuriales sont indispensables pour se distinguer et se lancer. A partir de ce moment, il est normal que cette profession soit au rendez-vous de l’innovation.
Certains prolongent cet engagement en mettant l’innovation au service de leurs confrères ou des justiciables en alliant les nouvelles technologies et le droit. Le dynamisme d’une association comme Avotech, qui regroupe les avocats entrepreneurs, est le témoin de la vitalité entrepreneuriale de la profession.
Que peut-on souhaiter à Doctrine pour 2022, au-delà de continuer sa magnifique montée en puissance ?
Continuer à apporter une plus-value réelle aux avocats et juristes ! J’ai la chance chez Doctrine d’être entouré d’une équipe d’entrepreneuses et d’entrepreneurs qui sont réunis pour résoudre un problème démocratique majeur, celui de l’accès au droit.
Mais au-delà de notre plateforme, il est pour nous essentiel de s’engager pour rendre le droit plus accessible. C’est le sens de notre mission.
En 2021, nous avons décidé de soutenir la plus emblématique des associations d’avocats : Avocats Sans Frontières France. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’accès au droit sans accès à l’avocat.
Pas de défense efficace sans accès à l’information juridique. Avocats Sans Frontières France et Doctrine partagent des valeurs et une vision commune de l’accès au droit. 1% de notre chiffre d’affaires est reversé à Avocat Sans Frontières France pour financer leurs projets et œuvrer partout où cela est utile à l’instauration et au renforcement de l’État de droit. Nous en sommes immensément fiers et encourageons tous ceux qui souhaitent les soutenir à se rendre sur unpourcent.doctrine.fr
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